mercredi 25 mars 2009

Jette pas ça, j'y tiens!


"On connaît encore mieux la valeur des biens par la privation que par la jouissance."*


Qui peut prétendre ne jamais avoir dit ça? Qui n'a pas quelque part au fond d'un tiroir, dans la poche d'un habit un objet totalement obsolète mais auquel il accorde une grande valeur? Comment se fait-il que nous donnions autant de valeur à des objets parfois totalement insignifiants?


C'est quelque chose que je ne comprends pas vraiment et pourtant je le fais régulièrement. J'ai une quantité de petites babioles qui concrètement ne valent rien mais pour moi elles représentent quelque chose. Elles sont arrivées dans mon existence pendant des moments que je ne veux pas oublier alors je les ai conservées. Mais est-ce vraiment utile?


Je pense que ça dépend, la plupart de ces babioles pourraient être jetées ou débarrassées sans aucune conséquence sur la mémoire des moments qu'elles représentent. Ceci est possible car ces moments étaient souvent très agréables voire magiques pour certains et donc ils sont obligatoirement gravés dans ma mémoire, à moi de faire l'effort de m'en souvenir!


Mais pour certains de ces objets, de ces babioles c'est différent. Cette catégorie d'objets se caractérise par le fait qu'ils nous aient été offerts par quelqu'un. Cette seule condition ne suffit pas; il faut également que la personne en question soit quelqu'un de spécial: un amoureux, un grand ami ou même parfois un membre de la famille avec lequel on a un fort lien. Mais pourquoi a-t-on tant de mal à se débarrasser de ces objets là? Je le sais pas encore vraiment. Peut-être pense-t-on inconsciemment que l'autre personne nous en voudra? Franchement, vous trouvez ça plausible? Si ça se trouve la personne ne se souvient même plus de ce moment passé ou de cet objet là. Et même si elle s'en souvient, se débarrasser de l'objet en question ne va pas faire disparaitre la mémoire du moment passé, alors pourquoi vous en voudrait-elle?


Ma toute dernière idée est que l'on garde ces objets peut-être pour se rassurer mais je crois plutôt par habitude. On a l'habitude que ces objets soient là, on sait que de temps en temps on va les voir et repenser au moment passé: "Ah oui! C'était quand même agréable ce moment, j'avais presque oublié." puis vous poserez l'objet et n'y penserez plus.


Moi j'ai commencé à les trier mes babioles sans valeur réelle, non que je veuille faire un trait sur le passé mais j'ai envie d'avancer et de me débarasser de tout ce qui n'est pas utile à ma progression. Je dois avouer que ce tri est difficile car on est tentés de garder plein de choses mais je me dis que ça me laissera de la place pour d'autres objets que j'espère plus utiles. Ou peut-être vais-je laisser ces espaces vides, je ne sais pas encore.


L'important au fond c'est que je me suis rendue compte de l'existence de ces objets; je me suis aperçue que j'ai tendance à garder tout un tas de petits ou grands objets dont je n'ai aucune utilité. Avoir mis le doigt sur ce point devrait, une fois le tri fait, me permettre d'être plus critique quand je conserve des objets et d'éviter ainsi d'être entourée de souvenirs qui d'une certaine manière me retiennent d'avancer.


Ayant presque épuisé mon quota de "Jette pas ça, j'y tiens!", j'espère ne plus avoir à prononcer cette phrase car c'est décidé: je ne conserve que ce que je peux utiliser!



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* Extrait de Lettres Italiennes. Président de Brosses (Dijon, 7 février 1709 - Paris, 7 mai 1777), penseur et homme d'Etat français.

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